mercredi 24 juin 2009

Lettre adressée à tous les petits élitistes de la littérature.


Mesdames et messieurs,

Il est grand temps de remettre les points sur les « i » avec les petits élitistes méprisants (et, par conséquent, méprisables) que vous êtes envers l’un des arts fondateurs de notre civilisation. Je tiens à ce que vous sachiez que vous faites partie des personnes qui m’inspirent le plus de dégoût dans ce bas monde.
Et pour cause.
Cela fait des siècles que vous et vos compères sévissez.
De tous temps, vous avez méprisé, condamné, marginalisé des œuvres qui, malgré cela, sont devenues des écrits majeurs de notre temps.
Remettons les choses en place… Si l’on s’attarde un peu sur la définition que le dictionnaire donne de la littérature, on peut lire ceci :

LITTERATURE
Nom féminin singulier
* ensemble des œuvres écrites ou orales, considérées du point de vue de la forme et de l'expression ;
* ensemble des œuvres écrites concernant un domaine précis ;
* activité de l'homme de lettres ;
* ce qui est décrit dans les œuvres littéraires, comparé à la réalité.

Dès lors, j’ai du mal à comprendre que la majeure partie d’entre vous en soit presque restée à la vision de la littérature qu’avaient Platon ou Aristote (c’est un peu caricatural mais certains d’entre vous ne m’en donnent pas le choix). Vous cantonner dans votre élitisme littéraire revient à négliger le fait que les siècles aient vu la littérature s’étoffer et incorporer des formes de plus en plus diversifiées et populaires de la littérature.
Eh oui, mesdames et messieurs : populaires. Pas bourgeoises.
La littérature d’aujourd’hui, ce n’est plus que l’épopée, la tragédie, les essais et la poésie.
C’est les romans, la bande dessin
ée, les ouvrages anthropologiques, la littérature « de gare », comme d’autres avant vous l’ont surnommée.
En flinguant ce type de littérature, vous refusez d’avancer, vous refusez de vivre avec votre temps, et vous faites fi de tout l’apport de la sociologie de la littérature de ces dernières décennies.
Je suis sincèrement horripilée par le fait de voir qu’aujourd’hui encore, certains types de romans soient considérés comme appartenant à une espèce de sous-littérature qui n’a droit qu’au mépris affiché de l’intelligentsia (si on peut encore appeler ça comme ça).
Réfléchissez un peu… Si tout le monde avait été dans votre sens, nous n’aurions jamais pu lire Hugo, Montaigne et Voltaire, qui font aujourd’hui partie des 10 auteurs classiques de la littérature française. Nous ne lirions pas de romans policiers, de science-fiction, de romans sentimentaux ou d’aventure que vous avez stigmatisés durant l’après-guerre. Nous en connaîtrions beaucoup moins sur le monde ouvrier, puisque vous avez descendu en flèche les auteurs de la littérature prolétarienne.
La littérature écrite pour le peuple n’a donc aucune valeur à vos yeux ?
Est-ce forcément mal ?
Pour vous, n’y a-t-il que la littérature « classique » qui puisse enrichir l’âme ?
Une si petite étroitesse d’esprit me sidère…
Malgré vos critiques et tout le venin que vos prédécesseurs ont craché sur ces œuvres dites « paralittéraires » ou encore « de seconde zone », bon nombre d’entre elles sont devenues des classiques, des best-sellers.
Je le redis encore car vous semblez exécrer ces mots : BEST-SELLERS.
D’après ce que je vois, vous n’avez pas retenu la leçon… Aujourd’hui encore, vous vous attaquez à des auteurs juste parce qu’ils « font vendre ». Or, n’est-ce pas merveilleux qu’un écrivain puisse vivre de ses écrits ? Arrêtez de citer Nietzsche ou Proust et intéressez-vous à des œuvres de votre temps qui, même si elles sont vendues par millions ou ne connaissent aucun succès, n’ont rien de méprisable.
Il est temps de vous réveiller.

Je vous remercie de votre attention,


A.

5 commentaires:

  1. Personellement, je ne vois pas où est l'étroitesse d'esprit de quelqu'un qui lit des "classiques". Le patrimoine littéraire est tellement enrichissant et conséquent que s'y intéresser prend pas mal de temps. Je pense que l'étroitesse d'esprit serait peut-être plutot de l'autre coté...
    Bref, tout cela pour dire que la majorité des livres qui sortent actuellement et "font vendre"(dit vulgairement) ne sont pas forcément très stimulants, car plats, bref, sans réel fond. Bon après bien sûr, tout dépend des attentes de chacun.
    Bon, bien entendu, tous ne le sont pas et heureusement d'ailleurs, mais pour un bouquin de Marc Levy, par exemple, tout ceci me semble évident.

    Bien à toi, eutécé...
    Dans l'espoir d'une réponse prochaine, afin d'étayer le débat(qui peut s'avérer intéressant!).

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour,

    On ne s'est pas compris, je crois...
    Je ne suis pas en train de dire que les personnes qui lisent les classiques de la littérature sont étroites d'esprit. Les personnes que je critique, ce sont celles qui ne lisent QUE les classiques et qui se permettent de stigmatiser tout ce qui ne fait pas partie de ce type de littérature. Et j'exècre tout particulièrement ceux qui critiquent certains bouquins sans même les avoir lus.
    Je ne critique donc pas les classiques. Au contraire: j'y suis très attachée! Mais je remarque que de nombreuses personnes se la jouent en citant Rousseau, Voltaire et compagnie et en dénigrant tout ce qu'ils nomment la paralittérature. Apparemment, c'est un comportement très à la mode... Je serais curieuse de questionner ces gens sur les auteurs qu'ils disent si bien connaître. Ca m'en apprendrait de bonnes, j'en suis sûre...

    Personnellement, je ne suis pas d'accord avec ce que tu dis: je ne pense pas que la majorité (comme tu le dis) des ouvrages qui sortent actuellement soient 'plats' et 'sans réel fond'. Evidemment qu'il y en a qui le sont, mais de là à les qualifier de 'majorité'... En jetant un coup d'oeil à ce qu'ont pu écrire des auteurs comme Flaubert par exemple, on peut voir que tout n'est pas forcément très 'stimulant', pour reprendre le terme que tu emploies dans ta réponse.
    C'est comme pour tout: dans la littérature, il y a du bon et du mauvais, et ça a toujours été le cas.

    Mon point de vue, c'est que la littérature, ce n'est pas forcément synonyme de savoir. Pour moi, c'est aussi le rêve, la détente. Dès lors, quel mal y a-t-il à lire du Levy? Je ne suis pas particulièrement fan de ce qu'il fait mais ça ne me donne pas le droit de le descendre en flèche comme certains s'amusent à le faire... S'il parvient à faire réver un peu les gens, je ne vois pas quel est le problème. Et s'il vend des millions d'exemplaires, grand bien lui fasse! C'est tellement difficile d'accoucher d'un bouquin et tellement grisant de voir que ce que tu écris plaît et se vend. Je crois que beaucoup de gens ont tendance à l'oublier, ce qui est dommage. Pourquoi un bouquin a succès serait-il un mauvais bouquin?

    Tu vois mon propos?

    En tout cas je suis ravie que ce que j'ai écrit te fasse réagir! C'est ce que je recherche aussi avec ce blog: l'interaction avec les lecteurs ;)

    See ya!

    A.

    RépondreSupprimer
  3. Ok, effectivement je n'avais pas forcément compris "l'entièreté" de ta pensée!
    D'ailleurs je suis d'accord avec toi en ce qui concerne le fait que certains citent des noms illustres afin de faire genre... Il m'est arrivé de rencontrer des personnes citant Rimbaud, Nietzsche, Proust, bref très bien, de bien belles références, mais mis à part "Je est un autre", "Dieu est mort" et la fameuse madeleine, pas grand-chose derrière tout cela! Assez navrant/affligeant, je dois dire!
    Oui sinon, c'est sur qu'il y a du bon et du moins bon dans tout et c'est le cas dans la littérature, bien évidemment! D'ailleurs tu cites Flaubert, exemple très à propos...
    Bon sinon, quant à Levy, il n'y a aucun mal à le lire bien évidemment, mais bon, personellement, je trouve que c'est un peu tirer la culture vers le bas, dans le sens où il y a tellement de bons auteurs contemporains qui en valent bien plus la peine que lui(mon côté un petit peu "élitiste" diront certains!). D'ailleurs, le fait que des millions de personnes rêvent en lisant ses bouquins comme tu dis, me fait un peu peur, je veux dire, la mièvrerie au pouvoir, c'est surtout cela qui "me fout les jetons"! Bon après c'est mon avis et il vaut ce qu'il vaut...
    Bob Dylan a dit un jour, en gros, qu'il faudrait arrêter de confondre ce qui se vend et ce qui est bien. Force est de constater qu'il n'avait pas forcément tort. Je ne dis pas qu'il avait raison, mais...(Da Vinci Code, Fascination, Les Piliers de la Terre, eutécé). A contrario bien sûr il y a de très bon bouquins qui se vendent très bien, mais disons que c'est... moins courant!

    Bon, je pourrais paraître très borné, très "mec fermé d'esprit" en tout cas, alors que je ne le suis pas forcément!! (et mon propos est surtout extrêmement confus et peu construit, je l'avoue :-) )

    Enfin voilà, à bientôt peut-être.

    RépondreSupprimer
  4. Oh ne t'inquiète pas, tu fais beaucoup moins fermé d'esprit que d'autres. Et puis toi au moins tu te donnes la peine d'ouvrir le débat! En relisant ma lettre, je conçois que je peux paraître un peu véhémente mais les prout prout qui se la jouent critiques littéraires, ça m'exaspère vraiment, comme tu auras pu le constater.

    Ravie d'avoir pu débattre un peu avec toi!

    A bientôt...

    A.

    RépondreSupprimer
  5. hello

    je découvre avec plaisir la qualité de tes écrits... la "polémique" soulevée par ton article coup d'gueule à l'égard des critiques littéraires me fait sourire & me ramène bien des années en arrière quand il fallait argumenter & développer ses idées sur feuille à petits carreaux... Ne me sentant plus vraiment apte à, j'éviterai d'essayer, d'ailleurs l'échange par commentaires interposés a fait le tour de la question de manière très fair play & clôt (à mon avis) le sujet.
    Je reprendrai la lecture de ton blog avec délice à mes heures "perdues", dans l'immédiat mes occupations dominico/estivales se rappellent à mon bon souvenir...

    Nathalie.
    @plus

    RépondreSupprimer